
Nous sommes très heureux de vous accueillir, à nouveau, cette année pour ce traditionnel week-end de fête, qui est doublement un moment de fête puisque nous en fêtons aujourd’hui le 150ème anniversaire.
Effectivement 150 ans de fêtes au service de ceux que tous repoussent cela se fête… et comme nous espérons que ce moment attendu de tous se prolonge au moins aussi longtemps qu’il a duré jusqu’à ce jour, nous avons planté hier un olivier qui grandira pour rappeler aux générations futures l’importance de perpétuer chaque année ce moment de convivialité, de joie et d’espérance.
Car cette espérance et cette confiance nous devons les garder chevillées au corps tant le monde actuel peut nous inquiéter, voire nous désespérer, par sa violence, ses errements et le manque de vision d’avenir qu’il offre. Mais heureusement la magnifique mission de notre fondation nous élève : « mettre des fleurs sur le chemin de ceux que tous repoussent dans un lieu sans mur ni clôture » est la meilleure manière de nous rassembler en mettant l’humain au cœur.
Quoi de plus essentiel aujourd’hui et toujours que l’humain. D’accueillir et de célébrer son mystère, sa dignité comme sa vulnérabilité.
C’est dans ce contexte de grande incertitude, de complexité et de tensions multiples que, cette année encore, nous avons cherché à défendre l’élan qui guide notre plan stratégique : oser la vie. Cette « utopie nécessaire » pour reprendre les mots de JB de Foucauld.
Ce combat pour l’autodétermination, qui est au cœur de chaque être humain tout au long de sa vie, est un long cheminement. Il ne doit pas être une injonction mais un appel à entendre les attentes, à imaginer ensemble les meilleures réponses : résidents, professionnels, familles, pouvoirs publics. Ensemble. Car donner le pouvoir d’agir n’est pas tant un projet de soins à construire qu’un projet de vie à créer en évitant tout esprit de système. Passer de spectateur à acteur, puis auteur de sa vie, est une magnifique ambition. Un défi pour tous, à tous niveaux.
C’est bien ce défi, ces défis, que l’ensemble des équipes de notre fondation s’attachent à relever chaque jour. Je voudrais dire ici combien nous leur devons et les remercier pour leurremarquable engagement.
Car ces défis sont cruciaux, nombreux et difficiles.
Un défi d’organisation d’abord pour déployer, à la fois, plus d’autonomie et de collégialité, plus d’expertise et d’intelligence collective. Nous devons faire évoluer notre culture de travail dans ce sens. Certaines institutions dans l’univers de la santé s’y sont déjà attelées avec succès. C’est, sans aucun doute, un des projets clef des prochaines années pour notre Fondation afin de gagner en agilité, en créativité et en qualité d’accompagnement.
Un défi d’offre ensuite. Affronter la complexité, c’est travailler à une simplification permettant tout autant une meilleure formation des professionnels qu’une pédagogie améliorée à destination des familles. C’est aussi s’appuyer sur d’indispensables travaux de recherche interne (Labo autocom) et externe (universités, centres de recherche etc.). Nous progressons actuellement sur ces différents fronts mais il reste encore un long chemin à parcourir.
Défi technologique enfin. L’intelligence artificielle est rentrée dans nos vies à tous les niveaux. Elle va bousculer plus vite qu’on ne l’imagine nos outils et nos modes de travail, notre relation au monde et aux autres. Nous devons en faire une alliée en la maîtrisant et non l’inverse. C’est autant de temps rendu à l’humain, d’outils développés au service d’une meilleure compréhension des situations, d’une capacité d’écoute plus fine des besoins, afin de faire résonner les attentes. De faire du soin une création au plus près de la vie et non simplement une expertise. Pierre Chanseau, notre directeur médical parle « d’oreille augmentée ». Cette expression dit bien la marge de progression qui est encore devant nous.
Lieu de soin, lieu de vie, lieu de sens. Soin, vie et sens convergent aujourd’hui avec le même niveau de priorité et d’exigence, au service du projet de chacun, qu’il soit résident ou professionnel. Le projet d’oser la vie. En toute liberté, mais en toute sécurité aussi, dans un cheminement éthique permanent entre l’une et l’autre qu’il nous appartient de mener et de faire vivre.
Ce sont toutes ces réflexions qui nous ont occupé en 2024 et qui continuent de nous guider en 2025. Guillaume de Clermont en détaillera la teneur dans quelques instants.
En conclusion je voudrais saluer et remercier celui qui a accepté de présider notre Assemblée annuelle 2025 : le cinéaste Nicolas Philibert, célèbre documentariste, primé pour nombre de ses films que je vous recommande et qui au-delà de sa culture protestante a consacré plusieurs de ses travaux à l’univers du handicap dont le très beau « Sur l’Adamant » sorti en 2023. Ilnous accompagne cet après-midi et conclura notre réunion.
Nous nous réjouissons de vous entendre tout à l’heure.
Et à votre suite, le pasteur Christian Baccuet, nouveau Président de l’Église Protestante Unie de France, qui nous fait l’amitié d’être avec nous aujourd’hui. Il viendra clôturer à son tour, par son envoi, cette assemblée annuelle.
David Guiraud